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IWD : LES FEMMES DE SAVOIE

La maison Fahrenheit Seven
5 septembre 2022

9 femmes qui ont marqué l’histoire de la Savoie

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme, nous souhaitions partager avec vous, à travers ces quelques portraits de femmes hors du commun, un petit peu de l’histoire de notre terroir! À leur manière et à leur époque, elles ont cassé les codes et imposé leurs voix. Elles ont « #choosetochallenge » bien avant le hashtag!

Certaines sont connues, d’autres inconnues, d’autres oubliées par l’Histoire… Nous avons sélectionné ici quelques‑unes de ces « héroïnes du quotidien », du 18ème siècle à aujourd’hui, en espérant qu’elles vous inspireront autant que nous. N’hésitez pas à partager avec nous d’autres portraits de femmes qui vous inspirent!

Marguerite Frichelet‑Avet (1756 ‑ 1793)

Sources: Wikipedia. Le Point, « Martine Rolland où l'âpre ascension de la première femme guide de montagne ». Podcast Premières Dames, « Martine Rolland, le goût de l’effort »

Il y a des jours qui font basculer une vie: ce fut le cas du samedi 4 mai 1793 pour Marguerite Frichelet. A 37 ans, après une vie passée entre les conflits permanents des armées française et sarde, la « Frichelette » prend soudainement la tête de la résistance locale face aux troupes révolutionnaires françaises. « Le 4 mai 1793, sur la place du village, elle harangue les foules et les exhorte à refuser l’enrôlement forcé dans l’armée française, et le lendemain à nouveau. Le mouvement prend de l’ampleur, si bien que le sur‑lendemain, ils seront plus de quatre mille à se rassembler pour mener la rébellion, à l’image des Chouans dans l’ouest de la France.

Vêtue en homme, la Frichelette est sur tous les fronts, fusil à la main, infatigable, haranguant les foules, persuadant les indécis, organisant le ravitaillement des rebelles. On la surnomme maintenant la « Petite Jeanne d’Arc du Val de Thônes » et on la salue sur son passage. Après plusieurs jours de bataille et de sac à Thônes, elle devra finalement se rendre. Accusée entre autres de s’être « travestie avec des vêtements d’homme » et d’ « avoir marché armée d’un fusil avec sa baïonnette », elle sera jugée sans avocat devant le tribunal criminel. » Cette femme hors du commun sera finalement fusillée le samedi 18 mai 1793.


Henriette d’Angeville (1794‑1871)

Sources : La Savoie en date et en cartes ‑ EMCC Femmes d’exception en Savoie ‑ Pierre Hoffman chamonixallyear.com

A l’été 1838, cette riche comtesse française décide d’entreprendre l’ascension du « toit de l’Europe ».Trente ans plus tôt, Marie Paradis était la première femme à avoir conquis le Mont Blanc, « tirée, traînée et portée jusqu'au sommet ». Henriette d’Angeville, elle, entend bien vaincre la montagne par ses propres forces. Pendant que les hommes du cru misent sur le point de son ascension où elle abandonnerait, elle réussit l’exploit en septembre 1838. Ils saluèrent ensuite son « courage viril ».

Plus encore qu’à la montagne, c’est à la société de son temps qu’elle s’est attaquée. Agnes Couzy écrit à son sujet: « ce fut la première femme (…) à oser défier un monde résolument masculin et rude, celui de l’alpinisme naissant. A une époque (…) où les codes sociaux dressent de terribles barrières même pour une femme entreprenante, elle imagina s’attaquer au symbole du courage et de l’exploit montagnard ». Henriette d’Angeville écrira d’ailleurs avec pudeur dans son récit de l’ascension que: « l’alpinisme manquait d’une emprunte féminine ». Surnommée la « fiancée du Mont Blanc », elle personnifie l’émancipation des femmes par l’écriture et par le sport.


Amelie Gex (1835‑1883)

Sources : Femmes d’exception en Savoie ‑ Pierre Hoffman Wikipédia

Savoyarde à l’enfance difficile, elle dédie sa vie à sa terre natale. De poète, elle devient écrivaine de théâtre et bientôt, militante. Envers et contre tous, elle mène son combat politique au plus près des paysans de sa région et s’efforce de donner le goût du travail de la terre à ceux qui s’en détournent. Républicaine, anticléricale, elle écrit ses discours politiques en patois pour mieux faire passer ses idées auprès des paysans. Elle publie sous un pseudonyme masculin ses strophes en vers et en prose, dans un hebdomadaire de propagande républicaine.

Face à son succès mais toujours dans l’anonymat, elle assure petit à petit l’écriture de toutes les rubriques du journal puis prend la direction d’un deuxième journal. Son combat pour l’indépendance et l’instruction des cultivateurs se précise. Sa lutte politique s’affirme en trois points: faire renaître les campagnes, lutter contre le dépeuplement et améliorer la vie quotidienne de ses habitants… et de ses habitantes. Restée célibataire et farouchement indépendante après le décès brutal de son fiancé, elle fait preuve d’un « féminisme modéré » et milite pour les droits des femmes et leur émancipation jusqu’à sa mort. Elle aura défendu toute sa vie l’identité savoyarde et son patrimoine culturel.


Marie‑Louise Jay (1838‑1925)

Source : Femmes d’exception en Savoie ‑ Pierre Hoffman

« Originaire de Samoëns, Marie‑Louise partage avec son marie la même soif d’indépendance, le même sens des affaires et le même désir de réussite. En 1870, après être montés à Paris, ils réunissent leurs économies et décident d’ouvrir main dans la main une échoppe modeste, un petit commerce de nouveautés, près du Pont‑Neuf. Son nom? La Samaritaine! Elle à la vente, lui aux achats. Tous deux ont compris que pour réussir, il fallait innover et se remettre en cause sans arrêt. Le succès est au rendez‑vous et année après année, les bénéfices explosent. Boulimique de travail, économe, Marie‑Louise ouvrira même un vaste atelier de confection où travailleront plus de cinq cents ouvrières!

Elle n’oubliera jamais ses origines modestes: en plus de plusieurs dons à la ville de Samoëns, elle créé au début de la Première Guerre Mondiale une fondation philanthropique. Alors que la France s’enfonce dans la guerre, Marie‑Louise se bat et réussit à ouvrir une Maison de la Maternité, un orphelinat, un centre d’apprentissage, une maison de retraite, un fonds de solidarité, un musée… Aujourd’hui encore, la Fondation Cognacq‑Jay poursuit son oeuvre et intervient en faveur de publics en difficulté à tous les âges de la vie. »


Charlotte Perriand (1903 ‑ 1999)

Sources : La Savoie en date et en cartes ‑ EMCC Exposition « Le monde Nouveau de Charlotte Perriand », Fondation Louis Vuitton admagazine.fr « 6 choses à savoir sur Charlotte Perriand »

Architecte de renom, designer de génie mais aussi photographe, Charlotte Perriand est une figure majeure de l’histoire de la modernité. Sa vie fut étroitement liée aux avant‑gardes européenne, japonaise et brésilienne. Visionnaire et artiste affranchie, son oeuvre préfigure les débats contemporains autour de la femme et de la place de la nature dans notre société. Née à Paris, elle c’est finalement de la montagne dont elle tombe amoureuse. « L’hiver, c’est une remarquable skieuse qui sympathise avec des champions du monde Emile Allais et James Couttet. L’été, elle se fait alpiniste et part à l’assaut des sommets, du massif du Mont‑Blanc aux Alpes suisses ».

Elle est une des figures majeures du développement des « loisirs pour tous » et après la guerre, fera partie des architectes qui concevront quelques‑unes des stations emblématiques des Alpes, dont Méribel et les Arcs. Comme dans tout ce qu’elle entreprend, elle le fera en bousculant les normes et les codes de son temps, toujours avec audace.


Claude Kogan (1919 ‑ 1959)

Sources : Charlie Buffet, « Première de cordée : Claude Kogan, femme d'audace et de passion » Le Monde, « Claude Kogan entre dans la légende »

Maurice Herzog disait d’elle qu’elle « personnifiait l'aventure sous sa forme la plus héroïque et la plus désintéressée ». 

Charlie Buffet, écrivain de la montagne, lui dédie un livre: « La vie de Claude Kogan, "femme la plus haute du monde", est un vrai roman. Née à Paris en 1919, elle était promise à un destin d'ouvrière: sans père, de mère pauvre, sortie de l'école à quinze ans, elle était couturière et aurait dû le rester. Pourtant, un beau jour, elle laisse ses aiguilles pour grimper une falaise... Et ne s'arrête plus. Elle ira désormais jusqu'au bout de ses passions. Passion des sommets, et passion d'un homme: l'histoire de son amour pour Georges Kogan est à l'image de ses ascensions d'alpiniste, extrême. Nice, 1942. Georges est juif et, comme sa famille, menacé par la déportation. En ces temps de terreur, la montagne apparaît soudain comme un univers parallèle où il est encore possible de vivre hors du temps et dans la dignité. Georges et Claude se réfugient dans le massif du Mercantour. Mais ils seront vite rattrapés par la guerre... Leurs exploits resteront marqués par ce qu'ils auront vécu dans les Alpes pendant l'Occupation, en marge d'une des plus grandes tragédies de l'Histoire. En décembre 1951, Georges est emporté en quatre jours, à trente‑quatre ans, par une hémorragie intestinale. Jeune veuve, Claude Kogan reprend leur entreprise de confection et réussit dans les affaires. Mais surtout, elle continue à courir les montagnes du monde. Au Cho Oyu, son dernier voyage, elle porte à elle seule le destin de l'alpinisme féminin. C'est un fardeau trop lourd. Elle meurt à quarante ans, ensevelie par une avalanche dans sa tente, à 7 000 mètres d'altitude. Son corps n'a jamais été retrouvé… »


Jeanne Brousse (1921‑2017)

Source : Femmes d’exception en Savoie ‑ Pierre Hoffman

« Je ne suis qu’une femme ordinaire qui a vécu des événements extraordinaires ». Lorsque la guerre éclate, Jeanne Brousse est fonctionnaire à la préfecture d’Annecy. « Ennemie de toute forme d’injustice et de cruauté, elle choisit rapidement son camp. Très tôt, elle entre dans la résistance et décide d’utiliser son travail à la préfecture pour sauver des vies. Munie de son laisser‑passer permanent, elle transmet des messages, distribue des faux‑papiers et glisse dans les boîtes aux lettres de tracts de groupes résistants. Plus tard, elle apportera également des colis et des lettres de leurs familles aux prisonniers détenus dans différents lieux.

Le 19 Août 1944, la Haute‑Savoie est le seul département français à s’être libéré sans l’appui des Alliés, par les forces unies de la Résistance armée. Une fois la guerre finie, elle se bat contre l’oubli en témoignant dès qu’elle le peut des horreurs de la guerre. Reconnue « Juste parmi les Nations » et nommée Chevalier de la Légion d’honneur, elle visite inlassablement collèges, lycées, maisons familiales, radio et télévisions, et répond à toutes les questions qui lui sont imposées en mettant en garde son auditoire contre toute forme d’intolérance. Une femme au courage exemplaire, qui n’aura cessé de déclarer: « Face aux circonstances, on se détermine ».


Marielle Goitschel

Source : Yonder & olympic.org

Si vous avez déjà arpenté les couloirs du Fahrenheit Seven Val Thorens, vous avez déjà vu son portrait, mis à l’honneur sur les portes de chambre du °F7. Et pour cause: « à 16 ans et demi, elle est devenue la plus jeune championne du monde du combiné. Le début d'une carrière exceptionnelle marquée par 2 médailles d'or aux Jeux olympiques et 7 titres de championne du monde » ! Dont un doublé historique aux J.O d'Innsbruck, l'or et l'argent, en slalom spécial avec sa soeur Christine, d’un an son aînée.

Enfant de Val d’Isère, Marielle Goitschel a profondément marqué l’histoire de Val Thorens. Elle s’y installe en 1972 et fut à l’origine du développement de la station, avec son mari. Elle y a notamment fondé l'« Académie des Neiges », un centre d’hébergement à mi‑chemin entre l'hôtel et la pension familiale où des milliers d’enfants s’initieront aux joies de la glisse, mais aussi de plusieurs magasins de sport. Une femme inspirante et inspirée!


Martine Rolland

Sources : Wikipedia. Le Point, « Martine Rolland où l'âpre ascension de la première femme guide de montagne ». Podcast Premières Dames, « Martine Rolland, le goût de l’effort »

Alpiniste, elle est devenue à 30 ans la première femme guide de haute montagne d’Europe! Morceau choisi d’une une interview au Point en 2011: « Elle passe en 1979 les premières épreuves devant de nombreux journalistes, tandis que ses collègues masculins, circonspects, parient pour « les trois quart sur son échec ». « Je portais atteinte à leur ego en dévalorisant l'image du guide héroïque », s'amuse celle qui fut sélectionnée parmi 250 hommes pour poursuivre avec cinquante d'entre eux l'exigeante formation. »

Non contente de cet exploit, elle gravit son premier 8000 mètres l’année suivante, le Broad Peak, en Himalaya. Puis elle s’attaque avec son mari au Denali en Alaska, pendant une expédition de 22 jours en autonomie complète et sans oxygène. « Nombreux étaient les sceptiques. Certains, bien décidés à défendre leur pré carré, ont même tout tenté pour l'empêcher d'atteindre son objectif. Mais Martine Rolland voulait par dessus tout devenir guide de haute montagne. Soutenue par son mari, guide lui aussi, elle a franchi toutes les étapes jusqu'à devenir la première femme en France, et même en Europe, à exercer ce métier ».

Humble et discrète malgré ses exploits, elle déclare dans la même interview au Point en 2011: « Je me suis simplement dit que j'avais le niveau et qu'il n'y avait pas de raison que je ne réussisse pas » se souvient l'alpiniste, surprise à l'époque que sa démarche suscite autant de commentaires. » Tout est dit…!